L'animisme au coeur du peuple Amazigh. Par IFLIS
Toutes les sociétés modernes y compris la nôtre, ont gardé une part d’animisme ancrée au plus profond des superstitions populaires, et toutes les sociétés "primitives" ont adopté la religion de l’enfance de l’humanité et ont traversé cette phase magique, qui permet de concevoir l’inexplicable à travers l’hypothèse d’un monde surnaturel et invisible, qui contiendrait toutes les causes des phénomènes du monde visible.
Dans l'Antiquité, les Berbères avaient sans doute leurs propres divinités, mais comme ils ont été presque toujours en contact avec les peuples méditerranéens, ils ont aussi connu l'influences des croyances grecques, phéniciennes, romaines, égyptiennes et probablement ibériques et celtiques. Ils ont aussi exercé leur influence sur ces croyances. La terre Amazigh est associée depuis la plus haute antiquité à la Grèce, puisque Platon y situe l’Atlantide (Timée et Critias), que c’est là que le titan Atlas fut condamné à porter la charge du monde, que c’est là qu’Hercule vainquit le géant Antée,.... C’est aussi là que selon les Grecs, est née Athéna la fille de Zeus, sur les rives du fleuve Triton (aujourd'hui Lac Kelbia, en Tunisie) ... Les Berbères semblent également avoir suivi le culte de Dionysos ainsi que le culte solaire lié à Apollon, qui est la version hellénisée du dieu Baal phénicien et qui fut adoré à Troie.
Les Berbères avaient une religion fondée sur le culte des forces de la nature, du soleil et de la lune, de la mer et de la montagne, des grottes...Et leurs croyances traditionnelles sont caractérisées par le culte des ancêtres (ensemble d'intermédiaires entre Dieu et l'homme, animant l'univers sous la forme de génies, d'esprits souvent nommés djin ou ancêtres), la croyance en la réincarnation, un aspect initiatique et, dans la majorité des cas, le matriarcat, le totémisme (expression de la communion homme-animal) et l'impartialité de Dieu.
Ces croyances forment une synthèse de cultes et de rites agraires où l'ensemble des actions de l'homme (cueillette, garde des troupeaux, etc...) sont vivifiées et exaltées. Car pour la religion Amazigh ( et Africaine en général) tout est lié à la spiritualité, dans la vie quotidienne, par rapport aux saisons, les événements de la vie (naissance, puberté, mariage, vieillesse, mort). La frontière entre le profane et le sacré n'existe pas ''Tout est lié. Tout est vivant. Tout est interdépendant ''.
La plus part de nos traditions et nos fêtes agraires ( Ixef useggwas, Amagar n tefsut, Iweğğiben..) qui sont d'origines animistes, ont toujours eu pour fonction de resserrer les liens, de restaurer le dialogue entre les diverses composantes de la société et les cérémonies réunissent dans un seul élan spirituel et festif à la fois tous les membres de la communauté ... Elles sont bien antérieures au Christianisme puis à l’Islam, bien qu’elles en portent souvent l'apparence, comme aujourd’hui, en coïncidant avec les célébrations du calendrier musulman, elles renvoient néanmoins à un passé fort lointain. Nos rites et nos fêtes animistes combattues tour à tour par le judaïsme, le Christianisme puis par l’Islam qui ont vu en elles une forme de superstition et une persistance du paganisme tout comme cela s’est passé dans d’autres civilisations , notre peuple s'est trouvé dans l'obligation de les dissimuler sous les religions actuelles qui s'avèrent moins naturelles et plus matérialistes. Tout comme les Amérindiens qui été obligés d’embrasser le Christianisme et qui ont continué leurs pratiques religieuses animistes sous des aspects bien catholiques au sein même de l’église ! Les nôtres ont emprunté les formes extérieures pour pouvoir se perpétuer en toute impunité : adoration des icônes et reliques chrétiennes ou invocation de la « baraka » des saints de l’Islam, pèlerinage saisonniers aux lieux saints, retraites spirituelles sous couvert de religions officielles, prières, jeûnes, sont encore pratiqués dans le même esprit animiste originel.
Nos traditions et nos croyances ancestrales sont les mamelles du peuple amazigh. Notre quotidien est notre temple et notre religion, car croire en une âme, en une force vitale, animant non seulement les êtres vivants, mais également les animaux et les éléments naturels (pierres, arbres, vent...), croire que ses âmes ou ces esprits supérieurs (ceux des défunts ou de divinités animales) peuvent agir sur le monde ici-bas, de manière bénéfique ou non, nous rend plus compatissant, plus ouvert et surtout plus humain. Qu'il convient ou pas de vouer un culte à mère nature cela importe peu, le plus important c'est que la nature est pleine d'enseignements, qu'il suffit juste d'ouvrir grands les yeux, et de s'instruire.
IFLIS pour Timunent
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