Le tatouage est l’un des plus anciens rites de la culture berbère, dont les origines remontent à la période pré-islamique. Ces ethnies berbères, dont l’on retrouve des traces datant de l’antiquité pharaonique, tribus nomades et groupes berbérophones, ont historiquement une présence dans plus d’une dizaine de pays africains, du Maghreb méditerranéen à l’Afrique sub-saharienne en passant par l’Égypte et le Niger, de l’océan Atlantique au rivages du Nil.Le tatouage berbère est lié à un ensemble de rites païens de sorcellerie et de magie. Ces croyances sont toujours l’objet de coutumes dans les campagnes, où l’Islam n’a que partiellement intégré ces anciennes pratiques et croyances. Le tatouage appelé « el-âyacha » (« celui qui fait vivre »), est parfois encore pratiqué en milieu rural, où les femmes, depuis toujours, protègent leurs enfant du mauvais sort et de la malchance en leur dessinant sur le front avec du noir de fumée par exemple. On retrouve cette coutume lorsque le jour de la naissance d’un enfant coïncide avec un événement néfaste. Le tatouage a ici une fonction de communication entre le corps humain et le monde des esprits. Aujourd’hui, au Maghreb, le tatouage au henné fait encore partie des traditions berbères, le côté ornemental ayant de longue date pris le dessus depuis longtemps sur le sens magique primitif.De tout temps, le tatouage a été une coutume chez les femmes berbères, que ce soit à titre ornemental, pour se parer comme avec des bijoux et se rendre plus belles et désirables, avec une subtile touche d’érotisme tout en suggestion, ou pour exprimer un sentiment, symboliser un statut social (mort du mari et veuvage par exemple, la femme berbère pouvant porter un tatouage sur le menton reliant chaque oreille, symbolisant la barbe du mari mort). Remontant au Néolithique en Afrique du nord, le tatouage des tribus nomades berbères servait également à dissocier et à identifier les membres des différentes tribus Amazigh par des dessins, souvent sur le visage, aux caractéristiques très géométriques et aux vertus prétendument magiques : le tatouage était notamment censé conjurer le mauvais sort (éloigner le mauvais œil) et apportait bonne fortune et réussite. Aujourd’hui encore, les femmes sont les dépositaires des coutumes d’une civilisation très ancienne, qui va à l’encontre de l’islam actuel, tel qu’il est interprété dans de nombreux pays. Le tatouage s’est partiellement adaptée à cette interdiction coranique, notamment en ne représentant jamais l’image de l’homme.Pour les musulmans, la plupart du temps, le tatouage est proscrit par l’Islam, symbole de péché et de mutilation, de modification de l’œuvre divine, malgré son statut de coutume immémoriale, les imams continuant de condamner tout lien à d’anciennes croyances en des éléments surnaturels. C’est pourquoi les femmes, principales utilisatrices des dessins esthétiques sur la peau, utilisent aujourd’hui plus couramment, pour des raisons religieuses, le tatouage au henné, provisoire et non mutilant. Il existe de nombreux rites associés au Henné, lors desquels il reste très présent, même aujourd’hui : le rite du mariage (rituel de la « nuit du henné », de la naissance, du baptême, de la circoncision.Les Imazighen, (hommes libres ) ou Berbères, se tatouaient le front, le menton, les joues, le dos des mains et les tempes à l’aide pigments issus de substances d’origine végétale, du charbon, mélangés à de l’eau ou du sang, des motifs et symboles qui leur étaient propres et avaient un sens bien particulier. Le tatouage d’alors était plus social qu’ornemental, contrairement à aujourd’hui, où cette notion de tatouage symbolique a disparu dans les nouvelles générations de Berbères, même si il peut parfois conserver une notion d’attachement à une communauté, permettant aux berbères et notamment aux Kabyles de se démarquer culturellement des arabes.La fonction du tatouage est donc historiquement multiple chez les Amazigh : il peut être protecteur et ornemental, mais également identitaire ou médical : dans le Sahel, en intervenant à mi-chemin entre l’extérieur et l’intérieur du corps, on lui prêtait des vertus guérissantes : mal à la tête, arthrite…Chaque détail, chaque motif a sa propre symbolique dans le tatouage berbèreLe point symbolise le foyer, qui est au centre centre de la maisonLe croissant de lune la matière qui naît, grandit et meurt.La spirale symbolise l’harmonie éternelleLe cercle représente l’absolu.Les palmiers tatoués sur le front des femmes berbères invoquent la déesse mèreLe premier trait vertical symbolise dieu et la vie, ainsi que le premier outil planté en terre par l’hommeLes deux traits symbolisent la dualité entre le bien et le mal qui sommeillent en chacunLe carré est la représentation de la maisonDeux carrés superposés symbolisent le combat de dieu contre la malédiction et les ténèbresLa rosace, composée de triangles : celui qui a la pointe vers le haut symbolise le feu et la virilité, tandis que le triangle avec la pointe en bas représente l’eau et la féminitéLe plus (signe +) symbolise l’oeil de Dieu, l’étoile dont la lumière guide l’homme dans la nuitLa croix symbolise les deux jambes ou les deux bras de l’homme.Autres symboles : la palme du palmier, les chevrons, les pectines de sapins, les lignes de vieLes vieilles femmes berbères sont encore aujourd’hui capables de donner la région d’origine de leurs congénères en fonction du nombre de traits sur leurs tatouages. Sur le front ou la tempe, il peut être identitaire et lié à une tribu donnée, comme les tribus des Drids ou des Beni-Douala qui l’utilisaient comme signe de reconnaissance. Le tatouage rituel est encore courant au Yémen, dans le désert et au Maghreb,chez les nomades principalement. Les motifs peuvent avoir des sens variés en fonction des origines de la personne.

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Jugurtha Yazid

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