C'était mardi 18 juin dernier que Nadia Matoub, la veuve du Rebelle, a foulé de ses pieds le seuil de la demeure conjugale à Taourirt Moussa, de laquelle a elle été interdite par sa belle famille depuis 19 ans. Après un recueillement plein de chagrins et de douleurs sur la tombe de son défunt mari, Lounès Matoub, Nadia, prenant le courage par toutes ses tripes, y accéda enfin dans la maison où elle n’avait vécu avec son époux moins d’un an, avant qu’il ne soit ravi à tous les Kabyles, pas qu’à elle seule.

Nadia est chez «elle ». Elle y passe trois heures. Le clair de ce temps, Nadia le vit dans la chambre conjugale où elle est allé cherchée l’odeur de son mari… Une odeur qui n’y plus malheureusement, dit-elle.

Puis, elle redécouvre la voiture « immense » criblée de 78 balles le jeudi 25 juin 1998. L’odeur de l’horreur y est toujours, mais Nadia ressort de la maison franchie de tous les maux psychologiques qu’elle avait enduré 19 ans durant.

Dans cette interview réalisée à son retour en France, Nadia nous relate brièvement ces 19 années d’amertumes…



Journaliste: 16 ans que vous n’avez pas remis  les pieds dans votre maison conjugale, la demeure du défunt  rebelle Matoub Lounès. Quel est votre sentiment quand vous avez franchi le seuil de sa porte après tant d’années ?

Nadia Matoub: Cela fait 19 ans que je n’ai pas mis les pieds dans notre foyer à Taourirt Moussa. La dernière fois que j’ai tenté d’y rentrer, c’était en 2001 et on m’en a empêchée. Aujourd’hui, j’éprouve une double satisfaction, car après avoir réussi à suspendre le projet du classement de la demeure de Lounès comme patrimoine culturel national algérien, je réintègre cette maison qui enferme en son sein la vie que j’ai partagée avec lui.

Ce retour a été nécessaire dans le processus de ma reconstruction personnelle, car après avoir subi le déni, ce cap est une réconciliation avec ma propre histoire. Il s’agit du résultat d’un travail de discussion et de négociation entre mon conseil Me Amrani Mounir et les conseils de la famille. Malgré la surcharge émotionnelle, ce passage a marqué un certain apaisement chez moi.

Le classement de la maison de Lounès comme patrimoine culturel National est suspendu après votre opposition. Comment votre belle famille a reçu cette suspension ?

Je souhaite plutôt exprimer mon propre sentiment. La nouvelle de la suspension de la procédure de classement arrive plus d’un an après ma première opposition. Après plusieurs mois sans réponse, une nouvelle opposition a été adressée à la direction de la culture et à l’administration de la wilaya par voie d’un huissier.

Le 11 juin 2017, je reçois un courrier de la direction de la culture m’apprenant la nouvelle de l’arrêt momentané de ce projet.

J’aimerais adresser mes remerciements à tous ceux qui m’ont soutenue dans cette démarche car je sais que cette « victoire » est la nôtre et je reste persuadée que l’opinion publique a son poids dans cette décision. Néanmoins, je reste vigilante quant à toute autre tentative de récupération ou de contrôle sur la mémoire de Lounès.

19 ans après l’assassinat de votre époux, beaucoup de gens y compris votre belle sœur se posent des questions, comment se fait-il que vous êtes sortie vivante vous et vos sœurs ? Cela ne constitue-t-il pas le fond des problèmes entre vous et votre belle famille ?

19 ans après l’assassinat de Lounès, on ne connait ni les exécutants ni les commanditaires de ce crime qui a secoué violemment la Kabylie. Lors de l’attentat qui a couté la vie à mon mari, j’ai été grièvement blessée, mes petites sœurs également. Il a fallu se soigner pendant des années. On m’a laissée pour morte ce jour-là. J’ai été hospitalisée pendant 40 jours et pendant les 10 premiers jours les chirurgiens qui m’avaient prise en charge étaient très inquiets quant à mes chances de m’en sortir.

Après de lourdes opérations chirurgicales à Tizi-Ouzou et à Alger, mes sœurs ont continué leurs soins en France où elles ont subi d’autres opérations à l’hôpital Begin et l’hôpital Saint Antoine à Paris en 2000.

Et je ne vous parle pas de toutes les souffrances psychologiques que ce genre de traumatisme puisse engendrer. Je pense que ce que je viens de vous évoquer brièvement répond largement à votre question.

Interview réalisée par Nabil SAÏDI

Source: lavoixdalgerie

A propos de développeur

Azul fellawen, je me nomme "Yugerten Yazid" un jeune informaticien de réseaux et programmation WEB internet. J’ai créé ce site "JS Kabylie Club"dans le but de partager et promouvoir la culture Amazigh dans le monde entier, dans tous les domaines, afin de développer le taux de recherches google sur le contient Amazigh, non seulement des sujets de politique, terrorisme et racisme qui salaient notre image comme peuple, mais bien plus sur l'éducation,Sport,Technologie…, etc. Comme on dit en kabyle "yiwen ufus ikat-ara lkef"donc j'ai besoin de votre aide pour réaliser tout ça. Aidez-moi à donner une bonne image sur le peuple amazigh."Agdud mebla idles, am umdan mebla iles" Merci pour votre passage sur notre simple site.

Enregistrer un commentaire

Jugurtha Yazid

Fourni par Blogger.